Metal and Oddities Reviews

http://metaloddities.canalblog.com/archives/2016/07/09/34066244.html

by Tracy Killz

Si je vous parle d’un quintette, adapte de la légendaire Boss HM-2, produit par Dan Swano (EDGE OF SANITY, BLOODBATH, et des dizaines d’autres encore plus fameux…), vous partez sur quelle piste ?

Néo-Death Suédois ?

Death Norvégien ?

Vous auriez sans doute raison d’y penser, pourtant, le choix serait le mauvais. Car les HELLCRAWLER n’ont pas entamé leur carrière dans les nineties, ne sont pas Nordiques pour deux sous, et pourtant, leur œuvre est aussi emprunte de l’héritage des Sunlight Studios qu’une vieille bande vocale de Lars Goran Petrov.

 

Certains groupes versent dans la nostalgie. On ne peut pas vraiment leur en vouloir, l’époque présente n’étant pas propice aux réjouissances. Mais de là à pousser le vice aussi loin, il y a un pas…qu’ils ont allégrement franchi. A mon ton, vous croyez discerner une certaine ironie déplacée, et pourtant, il n’en est rien. Car si le quintette verse dans le trip rétroviseur, il le fait avec un panache indéniable, et surtout, avec une approche très personnelle qui les empêche de devenir de simple clones fantoches.

Mais d’abord, un peu d’histoire pour se coucher moins sot ce soir. Les HELLCRAWLER (Pijoe – batterie, Andraz & Matjaz – guitares, Miran – chant et Alche – basse) ont émergé un beau jour sombre de 2010 à Nova Gorica, ont publié un premier LP en 2011 (Wastelands, réussi), ainsi qu’un split trois ans plus tard (The End Of Humanity, partagé avec les Australiens de WOLFE), et attaquent aujourd’hui le processus de confirmation d’une réputation naissante.

 

Outre une fascination sans honte pour le son purement Death des années 90, les Slovènes semblent aussi légèrement obsédés par un monde post apocalyptique qu’ils prennent un malin plaisir à nous décrire en détail. Leur épopée survivaliste avait commencé sur Wastelands, elle continue donc sur Sandstorm Chronicles, qui nous propose un concept prolongé tout à fait accordé à la musique évacuée. Le son est évidemment énorme et gras, et bénéficie des bons soins de cette fameuse distorsion évoquée plus en amont, qui rappelle grandement les sonorités d’ENTOMBED, DISMEMBER et consorts.

Mais les HELLCRAWLER, comme je le précisais, ne sont pas que des plagiaires. A cette emprunte morbide très prononcée, ils ont ajouté d’autres éléments externes, avec quelques touches de Grind, de Punk, de Crust, pour finalement aboutir à une nouvelle extension du Death N’Roll si cher à Lars Goran.

Crust N’Roll ?

Oui, c’est plutôt bien senti.

 

Le mélange est efficace et pour le moins détonant. Sur une trame Death somme toute assez formelle, le quintette a insufflé un surplus d’énergie tout à fait grisant, et même si certains morceaux frôlent le parallèle absolu, l’enthousiasme l’emporte sur l’exigence, et ce second LP risque de devenir une sacrée référence. Si les guitares ne se démarquent pas de la gravité en vogue dans la Scandinavie putride d’il y a vingt-cinq ans, la rythmique se permet de les libérer de leur carcan trop étroit pour leur conférer une approche moins systématique et plus Hardcore. Le chant, bien que d’une profondeur tout à fait respectable, est plus Punk que Death, même si sa stabilité lui permet d’apporter à l’ensemble une régularité qui n’a pas grand-chose à voir avec les hurlements anarchiques d’usage.

Les Slovènes ont en outre eu l’intelligence de ne pas trop traîner en route, et de se contenter de la fatidique demi-heure de frappe continue. Et si certains riffs semblent se partager entre plusieurs morceaux, tout comme certaines parties vocales, la puissance de l’ensemble permet d’oublier ces quelques redites qui font fatalement partie de toute expérience extrême.

Morceaux courts, idées qui percutent, seule l’entame « Unholyverse » se permet de déborder un peu sur les cinq minutes, mais le fait avec flair, pour mieux introduire l’univers de nos amis du jour.

 

Le voyage post apocalyptique, traversant les déserts et autres ruines, obligeant nos survivants à affronter leurs peurs et faire face à des situations surréalistes (ça n’est pas moi qui le dit, mais la bio de l’album), se déroule donc avec un sacré paquet d’encombres que nos valeureux soldats affrontent avec bravoure. Plus prosaïquement, il est tout à fait juste de voir ce périple comme une rencontre future (mais déjà présente) entre DISCHARGE et ENTOMBED, beaucoup plus d’ailleurs qu’une digression sur le Black N’Roll des DARKTHRONE. Inutile de vous détailler les pistes, sauf peut-être pour préciser que parfois, le tempo ralentit pour offrir un gros Heavy Death bien épais (« Sea Of Storms »), ou au contraire qu’il accélère pour rejoindre les pics de vitesse du BM le plus cru (« Grim Moira »).

Vous avez donc là un tableau exhaustif de ce qui vous attend dans les sillons de ce second effort qui vous en fera faire quelques-uns, ne serait-ce que pour supporter la sauvagerie qui s’en dégage.  

Et si vous souhaitez un résumé plus succinct et concis que ma chronique, soyez heureux, c’est le groupe lui-même qui vous la fournit :

 

«  Long live the HM-2 cult! »